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Séparés par des virgules

Un robot qui a du chien

En juin dernier, Polytech Angers a fait l’acquisition d’un robot-chien quadrupède dédié à l’enseignement et à la recherche, financé en partie par la Région Pays de la Loire. Explications avec Franck Mercier, ingénieur d'appui à la recherche.    


Franck Mercier pilote le robot-chien avec une manette utilisée pour les jeux vidéo.
C’est une belle bête de 55 kilos sur quatre pattes, qui n’a pas encore de nom. En la croisant dans les couloirs de Polytech Angers, les étudiant∙es sont mi-amusé∙es, mi-intrigué∙es. Et il y a de quoi, ce n’est pas tous les jours qu’une université en France se dote d’un tel robot. « On doit être quatre ou cinq en France, pas plus, précise Franck Mercier. Il y a une réelle volonté à Polytech Angers de déployer l’enseignement de la robotique pour attirer puis former les étudiant∙es, et de s’intéresser à l’opportunité de développer la recherche. » Une ambition qui fait écho à l’événement annuel Game of Robots, organisé depuis 2016.

Doté d’une autonomie de huit heures, le robot est capable d’aller sous l’eau et de s’adapter au terrain (escalier, gravats, colline) pour se déplacer. Il est équipé d’un bras mécanique au-dessus pour ouvrir des portes ou saisir un objet et dispose aussi de capteurs et de caméras.

« Il possède une interface ROS (Robot Operating System) qui est classique dans le monde de la robotique académique et industrielle, estime Franck Mercier, qui pilote le robot-chien avec une manette semblable à celle utilisé dans les jeux vidéo. Former les étudiant·e·s sur ces technologies est important parce que la robotique est de plus en plus présente dans les entreprises. »

Les cycles prépa de Polytech Angers et les 4e et 5e année de la spécialité Systèmes automatisés et génie informatique (SAGI) vont imaginer la mise en place de nouveaux capteurs (capteurs infrarouges pour la détection d’appareil en surchauffe), de nouvelles interfaces utilisateurs (ajouter un écran pour donner une tête au robot)… « À cela vient s’ajouter une partie plus liée aux problématiques de la robotique mobile : commande, planification de trajectoire, cartographie, ajoute Franck Mercier. Pour la partie formation et pédagogie, les étudiant·es en Bâtiment, exploitation, maintenance et sécurité (Bems) seront aussi concerné·e·s dans le but d’être opéationel·les une fois sur le marché du travail. »

Un robot aux JO ?


Le robot peut s'adapter à son environnement pour se déplacer.
Avec ses collègues Alain Godon et Rémy Guyonneau, Franck Mercier va aussi profiter de ce robot pour approfondir un de ses domaines de recherche au sein du Laris : la localisation et cartographie simultanées, c’est-à-dire la possibilité de cartographier de façon autonome un environnement inconnu. « Les cartes générées ne sont pas toujours fiables malgré des capteurs pour percevoir l’environnement en 3D. Même en juxtaposant les images prises lors de différentes positions dans une salle, il peut y avoir des écarts. Nous procédons donc à de la fusion de données : il s’agit d'accroître la robustesse de données en multipliant les capteurs et en améliorant les méthodes de calcul. »

Enfin, du fait de ses capacités de franchissement, ce robot peut aussi être utilisé pour faire de l’inspection dans des environnements différents. En l’équipant de capteurs spécifiques, il pourrait ainsi mesurer la qualité de l’air - lors des pics de pollution par exemple - ou l’intensité lumineuse d’une pièce afin d’ajuster l’éclairage au plus près des normes et donc de réduire la consommation électrique. « En ce sens, le Laris a déjà été sollicité pour mesurer la luminosité d’une ligne de tramway et caractériser les installations pour les Jeux olympiques 2024 comme les pistes d’athlétisme ou les courts de tennis. L'utilisation de la robotique, et notamment ici quadrupède, apporte une innovation à une tâche qui n'était pas réalisée, et qui permet d'importantes économies énergétiques. »

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