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Des étudiantes se forment à la traduction théâtrale
Dans le cadre d’un projet financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), des étudiantes de Lettres de l’Université d’Angers se penchent sur la traduction d’une pièce de théâtre américaine. Un travail complexe qui suscite de l’intérêt.
Anne-Florence Quaireau, maîtresse de conférences en littérature britannique et traduction, avec ses côtés Adélaïde Pralon, enseignent la traduction théâtrale aux étudiantes.À la Maison de la recherche Germaine-Tillion (MRGT), l’ambiance est studieuse en ce mercredi 25 septembre. Dans la salle Camille-Lepage, seize étudiantes en deuxième année de master Traduction et interprétation à l’UA s’affairent autour de la table. Elles travaillent depuis quelques semaines sur la traduction en français de la pièce Ugly Lies the Bone, écrite en 2015 par Lindsey Ferrentino. À leurs côtés se trouvent Anne-Florence Quaireau, maîtresse de conférences en littérature britannique et traduction à l’UA, et Adélaïde Pralon, membre de la Maison Antoine-Vitez, le centre international de la traduction théâtrale.
« Notre projet s’inscrit dans les travaux de l’ANR Actif, détaille Anne-Florence Quaireau. Il s’intéresse à l’importation du théâtre américain en France et implique la traduction de pièces de théâtre américaines contemporaines par des traducteurs professionnel∙les, des universitaires, mais aussi des étudiant∙es. » « J’étais intriguée car j’ai une vision du théâtre un peu élitiste mais la première lecture de la pièce m’a rassurée, confie Séva Virolle, étudiante. La traduction théâtrale peut être frustrante mais c’est une chouette première approche : c’est très positif de travailler en groupe car en général, la traduction se fait de manière solitaire. »
Les enjeux de la traduction
Après une lecture complète de l’œuvre, les étudiantes ont commencé à traduire les premières scènes. Un exercice innovant dans le cadre de leur formation mais périlleux : la traduction d’une pièce est bien différente de celle d’un roman puisqu’il faut trouver le ton juste pour chaque personnage, veiller au dialogue ou encore se représenter la mise en scène. Bref, un travail de réécriture et de création qui doit, malgré tout, rester fidèle au texte originel.
Heureusement, elles peuvent compter sur l’accompagnement de professionnelles comme Julie Vatain-Corfdir, qui co-dirige l’ANR et qui a donné une conférence à Belle-Beille sur la traduction au théâtre, et donc Adélaïde Pralon.
En préambule de la séance du jour, cette dernière distille quelques conseils : « De manière générale, la langue française est plus lourde que l’anglais, il faut être concis, assure-t-telle. La traduction du théâtre a une particularité : on ne connaît les personnages que grâce à ce qu’ils disent ; on doit donc non seulement traduire la phrase mais aussi les intentions. Enfin, concernant l’humour, l’ironie ou les références culturelles, on peut réinventer ou les transposer ailleurs dans la phrase. »
Vient le moment d’analyser les premières traductions proposées par les étudiantes. Les échanges portent sur l’âge, la classe sociale des personnages et la relation qu’ils entretiennent – des éléments clés qui peuvent influencer les mots employés –, l’usage de l’argot ou la manière de placer au bon moment dans la phrase les injures présentes. Sans oublier l’acteur ou l’actrice qui prononcera ces phrases à voix haute, et aux spectateurs qui écouteront.
L’occasion pour ces étudiantes de débattre, de défendre leurs points de vue sur la traduction proposée, voire de confronter une vision de la pièce différente. « Seize cerveaux, c’est autant de nouvelles idées pour traduire un mot, ajoute Seva. On ne prend pas ça à la légère, nous sommes rigoureuses et sérieuses parce qu’il y a des enjeux professionnels. »
Lors des séances suivantes, les étudiantes ont mis en voix les extraits pour éprouver leur traduction. À l’avenir, Anne-Florence Quaireau aimerait même inviter des comédiens en classe pour faire une lecture du texte. « Nous espérons soumettre notre traduction d’ici décembre, en vue d’une publication en 2025 ou 2026 dans la revue Coup de théâtre », termine-t-elle.