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Marianne Lefebvre, étoile montante… les mains dans la terre
Maîtresse de conférences à l’IUT Angers-Cholet et membre du Granem, Marianne Lefebvre va bénéficier du dispositif Étoiles montantes en janvier 2022, et ce pour trois ans. Son projet : développer les recherches en économie expérimentale pour la conception de politiques agro-environnementales innovantes au service de la transition agro-écologique.
L’économie expérimentale consiste à concevoir des situations économiques en laboratoire, afin d’étudier les décisions d’individus dans un environnement contrôlé. Dorénavant fréquemment utilisée dans l’aide à la conception de programmes d’aide au développement ou de politiques sociales ou d’éducation, cette méthode n’est encore que peu mobilisée dans le domaine agricole. Pourtant, Marianne Lefebvre et ses collègues membres du réseau européen REECAP ont démontré que les expériences économiques conduites avec des agriculteurs peuvent fournir des résultats utiles dans le cadre des réformes de la Politique agricole commune (PAC).
Membre du Granem et maîtresse de conférences à l’IUT Angers-Cholet, Marianne Lefebvre bénéficiera du dispositif Étoiles montantes à compter de janvier 2022 pour le projet Behave (Behavioral analysis and economic experiments for agri-environmental policy evaluation). Étoiles montantes vise à accompagner les jeunes chercheur∙e∙s en Pays de la Loire dans leur développement de projet de recherche : ils et elles s’engagent à déposer un projet auprès de l’European research council (ERC) en échange d’un financement sur deux ou trois ans permettant d’optimiser leurs chances de succès à ce programme européen très concurrentiel. « Ce financement conséquent de 133 300 € va me permettre de constituer une petite équipe (un post-doctorant et quatre stagiaires de master), de me faire aider de prestataires pour la collecte de données, et surtout, de dédier moins de temps à la recherche de financement », précise-t-elle.
Des expériences en lien avec l’acceptabilité
Le premier changement de pratique agricole étudié dans le projet Behave concerne l’abandon de l’usage de pesticides chimiques. « Je vais m’intéresser au potentiel des assurances agro-environnementales pour lever les freins économiques et psychologiques à la suppression des pesticides en viticulture. »
Des expériences menées dans ce sens aux Etats-Unis et au Danemark notamment ont permis de mettre en lumière les avantages d’incitations à l’adoption de bonnes pratiques agro-environnementales, telle la réduction des pesticides, sous forme d’assurance. Ces dernières protègent les agriculteurs en cas d’échec se traduisant par une perte de rendement. « En France, la perte de rendement liée aux maladies est actuellement hors du champ des assurances récolte, ajoute Marianne. Ce projet a pour objectif de mesurer le consentement des viticulteurs à payer pour de tels contrats d’assurance, avec l’engagement de réduire les pesticides. »
Le second axe traite du raisonnement de l’usage de l’eau pour l’irrigation : comment inciter les agriculteur∙ice∙s à diminuer leurs prélèvements en eau lors des périodes de sécheresse, ou lorsque les ressources pour l’agriculture sont limitées ? « Ceux et celles qui irriguent de manière éco-efficiente pourraient bénéficier de contreparties afin de compenser les pertes, estime Marianne Lefebvre. Dans les deux cas, irriguer ou avoir recours à des pesticides chimiques, j’étudierai les facteurs influençant la prise de décision pour ensuite proposer des incitations à l’évolution des pratiques, et mener des expériences sur l’acceptabilité et l’impact des solutions proposées. Comme suggéré par Esther Duflo, célèbre économiste, les économistes doivent se comporter comme des plombiers, qui utilisent leurs connaissances pour proposer la meilleure solution possible sur le terrain, et font bien attention à ses effets et se tiennent prêts à faire les ajustements nécessaires. C’est parfois fastidieux mais il faut accepter de mettre les mains dans la tuyauterie … ou plutôt ici les mains dans la terre ! »
Ces recherches se feront notamment en partenariat avec le réseau européen REECAP, dont Marianne est l’actuelle présidente, du Userlab de l’Université d’Angers, du programme VitiRev en Nouvelle-Aquitaine, et du comité scientifique et prospectif du parc naturel régional Loire-Anjou tourisme.