Réalité virtuelle : vers un habitat inclusif 2.0

Issu du programme de recherche Participe 3.0, le consortium de recherche Hip Xp associe plusieurs partenaires, collectivités et laboratoires, dont le Laris, et vise à accompagner des jeunes adultes autistes dans un nouvel habitat inclusif partagé. Explications avec Paul Richard, maître de conférences en réalité virtuelle à Polytech Angers.

La réalité virtuelle permet aux personnes autistes de s'approprier un nouvel environnement. Huit adultes autistes, âgés de 19 à 31 ans, projettent d’intégrer prochainement un habitat inclusif situé dans l’agglomération angevine. Pour favoriser leur insertion, l’association La Résidence sociale, basée à Loire-Authion, s’est associée à une équipe de chercheur∙es du territoire (voir ci-contre) et une doctorante en sciences de l’éducation.

« Après avoir travaillé avec le Laboratoire de psychologie des Pays de la Loire et l’Université du Québec sur le développement d’outils destinés à des personnes atteintes d’Alzheimer, le Laris a été sollicité pour son expertise en réalité virtuelle, retrace Paul Richard, membre du laboratoire. Des étudiant∙es de Polytech Angers sont également mobilisé∙es pour stimuler le développement de compétences liées à l’autonomie et à la sociabilité dans un espace en 3D : c’est une technologie qui rassure et peut s’adapter aux perceptions sensorielles spécifiques de l’autisme. »

Financé par La Résidence sociale, Ouest industries créatives, la Fondation de Nantes université et les trois universités ligériennes à hauteur de 450 000 euros, le projet Habitat inclusif partagé expérience (Hip Xp) est lancé depuis 2021, et ce jusqu’en décembre 2023.

De la cuisine au supermarché

Le choix d’utiliser la réalité virtuelle offre en effet un cadre rassurant pour ces adultes, qui ne subissent pas de stimulations extérieures, et leur permet de s’approprier un nouvel environnement, de gagner en autonomie et de prendre confiance en soi.

Le Laris a ainsi planché sur plusieurs scénarios pour proposer des situations caractéristiques de la vie quotidienne dans la cuisine : choisir son repas dans le réfrigérateur, utiliser le micro-onde sans danger, vider le lave-vaisselle, trier ses déchets… « Dans cette cuisine 3D, un avatar représentant un éducateur spécialisé référent a aussi été personnalisé pour qu’ils puissent demander de l’aide si besoin, souligne Paul Richard. Les retours des participants étaient positifs lors des premiers essais : ils mémorisent plus facilement les étapes de préparation du repas et s’engagent dans plus d’interaction sociale. »

Un supermarché virtuel est également en cours de finalisation, adapté à leurs besoins psycho-sensoriels : peu de clients dans le magasin, des produits ciblés sur leurs appétences au petit-déjeuner, une lumière et une sonorité estompées…

L’occasion d’évaluer leur progression au fil des actions, de soutenir leur auto-détermination tout en s’appuyant sur les savoirs des professionnels qui les accompagnent, de mobiliser leurs compétences sociales avec l’aide du Userlab de l’Université d’Angers. Et de prendre leurs repères avant un déménagement à l’horizon 2024.