fr | en

Séparés par des virgules

Polarisation des sociétés britannique et étasunienne

Organisée le vendredi 18 octobre 2024, par Laetitia Langlois (unité 3L.AM) et Clifford Baverel (Cirpall), respectivement maître de conférences en civilisation britannique et américaine, la journée d'études ouverte à tous et toutes vise à analyser le concept de "polarisation" utilisé pour désigner les divisions profondes qui traversent le Royaume-Uni et les USA. 

La journée d'études organisée conjointement par deux enseignants-chercheurs du 3L.AM et du Cirpall vise à analyser le concept de "polarisation" dans le contexte des sociétés britannique et étatsunienne pour mieux comprendre la réalité que le terme - utilisé abondamment aussi bien par les médias, les chercheurs que les hommes et femmes politiques pour désigner les divisions profondes qui caractérisent ces deux pays - revêt et comment cette polarisation se manifeste dans le débat public. "Au travers de l'analyse de ce concept, c'est la cohésion même de la nation britannique et de la nation étatsunienne que nous interrogerons", expliquent les organisateurs, Laetitia Langlois et Clifford Baverel.

Toute la journée du 18 octobre, des échanges auront lieu à la Maison de la recherche Germaine-Tillion (amphi Tillion et salle Frida-, au cœur du campus de Belle-Beille

L’invité d’honneur sera Sébastien Mort, maître de conférences à l'Université de Lorraine, à Metz. Il travaille sur le lien entre politique et médias aux États-Unis et plus particulièrement sur l’expression de la parole conservatrice dans les médias, ainsi que sur les implications du régime médiatique post-hertzien sur les contenus politiques. Depuis la campagne présidentielle américaine de 2016, il s’intéresse également aux enjeux de la présidence Trump pour les médias et le journalisme américain.

Journée d'études "Polarisation des sociétés britanique et étasunienne"
Vendredi 18 octobre, de 9 h à 16 h
À la Maison de la recherche Germaine-Tillion (5 bis, boulevard de Lavoisier, à Angers)


Résumé de présentation

La polarisation croissante au sein des sociétés étatsunienne et britannique soulève des interrogations profondes quant aux mécanismes d'influence de l'opinion publique et aux transformations aussi bien politiques que sociales qui en découlent. Cette polarisation se manifeste à plusieurs niveaux, notamment entre différentes tranches d'âge, entre les niveaux d'éducation, et entre les milieux urbains et ruraux. La polarisation partisane, déjà très marquée aux États-Unis et désormais de plus en plus présente au Royaume-Uni, constitue également un aspect crucial. (Sides et Hopkins, 2015 ; Duffy et. al., 2019)

On postule ici que la polarisation apparente des sociétés étatsunienne et britannique s’est accrue au cours des dernières années, en raison notamment de l’arrivée au pouvoir et du mandat de Donald J. Trump aux États-Unis et du vote en faveur du Brexit au Royaume-Uni. Il s’agira de comprendre comment ces deux événements ont agi comme des catalyseurs renforçant des divisions déjà présentes et créant de nouvelles formes de divisions. (Hobolt, 2016 ; Sobolewska et Ford, 2020 ; West, 2019) On interrogera ici autant les causes de ce qui est perçu comme une polarisation que les conséquences de cette polarisation sur les sociétés britannique et étatsunienne. Il semble ainsi essentiel d’explorer deux aspects fondamentaux de cette polarisation : la montée de la droite radicale populiste et le rôle des médias dans ces phénomènes de polarisation. Il conviendra alors de mettre en lumière la façon dont les populistes et les médias, chacun à leur façon, déploient leur influence et façonnent les opinions publiques. La polarisation fait partie intégrante de la logique populiste car celle-ci repose sur un narratif binaire et clivant qui construit un monde en opposition : eux vs nous, peuple vs élite, nationaux vs étrangers, etc. (Roberts, 2021) Par ailleurs, le succès de Nigel Farage, Boris Johnson ou Donald Trump a inévitablement conduit à l’émergence de nouvelles lignes programmatiques qui accroissent les effets de polarisation. (Roberts, 2021) Au Royaume-Uni, par exemple, la guerre contre le « wokisme » que mène le Parti Conservateur est un exemple frappant de cette polarisation politique. Quant aux médias, ils jouent un rôle central dans la formation et l'influence de l'opinion publique, en diffusant des informations et des analyses qui peuvent apparaître comme biaisées ou partiales. Il est donc essentiel d'étudier la polarisation des médias, qui se manifeste notamment à travers la division entre médias mainstream et médias alternatifs. Les médias du 21e siècle étant très diversifiés : télévision, journaux, internet, radio, réseaux sociaux et autres plateformes, on s’intéressera aux médias d’informations dans leur ensemble. (Beaufort, 2020)     

Notons que les médias ne sont pas le seul moyen d'influencer l'opinion publique. D'autres vecteurs comme la littérature, le cinéma, la communication politique, la publicité, et d'autres canaux peuvent également jouer un rôle significatif dans la formation des opinions. (Prince, 2012 ; White, 2023) Cette influence sur l'opinion publique peut, par ailleurs, émaner de sources officielles telles que l'État, le gouvernement ou les partis politiques, mais elle peut également être le résultat d'initiatives militantes ou citoyennes. Il existe donc une pluralité de sources et d'objectifs à considérer dans l'analyse de la polarisation des sociétés étatsunienne et britannique contemporaines.

On pourra, enfin, s’interroger sur le sens particulier du terme « polarisation » qui est utilisé afin de décrire une certaine fragmentation. Celle-ci suppose-t-elle nécessairement une division en deux pôles : conservateur et libéral, extrémiste et centriste, woke et anti-woke ? Cette division en deux pôles cacherait-elle les prémices de ce qui pourrait être une nouvelle « troisième voie » ou des « guerres culturelles » ? Jusqu’à quel point une société polarisée peut-elle encore faire nation et les États-Unis tout comme le Royaume-Uni peuvent-ils encore être considérés comme « une » nation ? Quels peuvent être à plus long-terme les effets de cette polarisation croissante sur la démocratie britannique et étatsunienne ?

Scroll