
- >Recherche
- >Actualités
- >Projet de maturation 5-Loxib
De l’arbuste néo-calédonien à la molécule anti-inflammatoire
L’unité de recherche Sonas (Substances d’origine naturelle et analogues structuraux) poursuit ses travaux sur le potentiel anti-inflammatoire d’une molécule issue d’un arbuste de Nouvelle-Calédonie. Le projet de maturation 5-Loxib s’attachera à renforcer la voie d’obtention de cette molécule brevetée pour une potentielle application pharmaceutique.
Au tournant des années 2010, des travaux de thèse menés au sein de l'unité Sonas ont mis en évidence les vertus anti-inflammatoires d’un produit naturel original présent dans l’écorce d’un arbuste endémique à la Nouvelle-Calédonie,
Garcinia amplexicaulis. « À partir de ce que la nature a produit, nous avons fait quelques modifications pour améliorer encore le potentiel anti-inflammatoire et ainsi obtenir une molécule d’intérêt », explique Jean-Jacques Hélesbeux, maître de conférences en chimie organique, membre du Sonas, l’unité angevine qui s’est fait une spécialité de « customiser », par hémisynthèse, des substances d’origines naturelles.
Cette découverte sur l’activité biologique de l’α-amplexichromanol a fait l’objet d’un brevet, déposé en 2015 et publié en 2017, avec le soutien de la Société d’accélération du transfert de technologies, la Satt Ouest Valorisation.
Depuis, différents travaux conduits à Angers, en collaboration avec les partenaires du Sonas en Autriche, en Allemagne et en Italie, ont permis de mieux comprendre et de caractériser le mode d’action pharmacologique du composé. Ces recherches ont confirmé l’intérêt de la molécule pour des pathologies impliquant une surréaction immunitaire chronique chez l’Homme, telles que l’asthme ou les dermatites, mais aussi en santé animale.
Produire plus et mieux
Khaled Al Sabil et Jean-Jacques Hélesbeux au sein d’un des laboratoires du campus du Végétal.Un nouveau projet de prématuration, financé par la Satt, pour une durée de 10 mois, et coordonné par Jean-Jacques Hélesbeux, a débuté en septembre 2024. Son nom de code, « 5-Loxib », fait référence à l’inhibition de la 5-lipoxygénase, la cible enzymatique des molécules du Sonas impliquée dans la réaction inflammatoire.
Avec l’appui d’un ingénieur de recherche, Khaled Al Sabil, auteur d’une thèse sur le sujet, l’équipe va devoir relever deux défis. Le premier tient à la quantité de matière première : l’arbuste Garcinia amplexicaulis ne poussant qu’en Nouvelle-Calédonie et le précurseur chimique étant essentiellement présent dans les écorces de tiges, la ressource est très limitée. Pour lever cet obstacle, le Sonas cherche à transformer une molécule proche, présente dans la noix de kola, ressource renouvelable très répandue en Afrique de l’Ouest, pour lui apporter les traits chimiques de sa cousine calédonienne. Puis, comme précédemment, de renforcer son potentiel anti-inflammatoire pour aboutir à de l’α-amplexichromanol.
Le procédé est complexe. Il nécessite de nombreuses étapes de synthèse. Ce sera l’autre challenge du programme : « Aujourd’hui, nous sommes capables de produire en laboratoire des quantités de l’ordre de quelques centaines de milligrammes, reconnaît Jean-Jacques Hélesbeux. L’un des objectifs de 5-Loxib sera donc d’optimiser les voies d’accès, c’est-à-dire d’être le plus efficace possible pour produire des quantités plus importantes, pour démonter qu’il est envisageable de le faire à plus grande échelle, avant un transfert vers un partenaire industriel ».