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L'ARN interférence pour lutter contre les nuisibles et préserver les abeilles
Au sein du laboratoire Signalisation fonctionnelle des canaux ioniques et récepteurs (SiFCIR), les recherches de Valérie Raymond et Delphine Goven portent sur de nouvelles stratégies de lutte contre les insectes nuisibles. Elles vont prendre une part active au projet ParaGluRSite de l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui débutera en mars 2025.
Valérie Raymond et Delphine Goven.Essentielles pour notre alimentation, les abeilles sont aussi un symbole de la biodiversité. Hélas, environ 40 % des colonies d’abeilles ont été décimées en moins de dix ans en Europe. L’une des causes est l’utilisation de pesticides pour éliminer certains arthropodes comme les pucerons, les tiques et le varroa. Ces derniers se fixent directement sur les abeilles, se nourrissent de l’hémolymphe (l’équivalent du sang chez les insectes) et peuvent transmettre des virus.
Le projet ParaGluRSite se base sur les interactions entre les abeilles et le varroa afin de développer de nouveaux moyens de lutte contre certains arthropodes. « On a déposé un brevet sur une nouvelle technologie de lutte contre le puceron et l’institut des biomolécules Max-Mousseron (IBMM), de l’Université de Montpellier, nous a contactées pour savoir si ces travaux pouvaient être transposés à d’autres arthropodes », retrace Valérie Raymond, directrice du SiFCIR. « Dans le cadre du projet ANR, l’objectif est donc de trouver des nouvelles stratégies de lutte contre le varroa, les tiques ou les pucerons tout en épargnant les abeilles et, plus globalement, l’environnement », ajoute Delphine Goven, enseignante-chercheuse en biologie et co-responsable du projet.
Une stratégie innovante pour préserver les abeilles et l’environnement
Cette technologie brevetée, c’est l’ARN interférence, un mécanisme biologique « utilisé » par les cellules pour contrôler l'expression des gènes en réduisant ou en empêchant la production de certaines protéines essentielles au fonctionnement du système nerveux.
Pour ce projet, Valérie Raymond et Delphine Goven vont donc dans un premier temps identifier ces protéines puis concevoir des molécules d’ARN double-brin (deux chaînes de nucléotides) qui sont complémentaires à l’ARN messager des gènes cibles identifiés chez l’arthropode d’intérêt. « L’ARN interférent dirigé contre ces nouvelles cibles neuronales est une stratégie innovante pour lutter contre certains arthropodes tout en préservant les abeilles et l’environnement. »
En complément de cette technologie, des composés extraits d'huiles essentielles, et des peptides issus de venins d’araignées et de fourmis administrés par nanovectorisation seront également testés. « L’innocuité des molécules capables de bloquer le déplacement du varroa sera évaluée au moyen de tests comportementaux locomoteurs et cognitifs sur les abeilles, concluent les chercheuses. Nous testerons si cette approche peut être aussi étendue à l'acarien Ixodes ricinus, la tique la plus répandue en France, ainsi qu'au puceron Acyrthosiphon pisum, qui ravage des cultures de légumineuses. »