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Séparés par des virgules

Ré-ensauvager les zones côtières

Le LPG et le Centre Jean-Bodin sont engagés dans le projet européen Rewrite (Restoration of InterTidal sediment Ecosystems for carbon sequestration, climate adaptation and biodiversity support). Il ambitionne de proposer aux acteurs publics des scénarios de « ré-ensauvagement » des zones intertidales, recouvertes à marée haute et découvertes à marée basse. Elles pourraient s’avérer précieuses face au changement climatique.

Photo de prélèvements dans la vase
Des analyses vont permettre de comprendre le fonctionnement de ces systèmes.
Vasières, herbiers marins, prés-salés… les zones intertidales accueillent une riche biodiversité et servent de nourricerie à de nombreuses espèces. Zones tampons, elles sont capables d’amortir la puissance des marées ou d’accueillir les crues des fleuves… « Elles sont aussi de potentiels puits de carbone, ajoute Édouard Metzger, professeur de géologie au Laboratoire de planétologie et de géosciences (LPG). Donc, globalement, ce sont des sites qui pourraient permettre d’atténuer les effets du changement climatique. C’est, entre autres, ce que nous allons préciser dans le cadre du projet Rewrite : tenter de comprendre au mieux comment cela fonctionne ».

Coordonné par Nantes Université, en la personne de la professeure Vona Méléder-Tard, Rewrite fédère 25 partenaires, publics ou privés, dont 17 universités et laboratoires. Ils vont étudier plus particulièrement dix sites de la façade atlantique, en Europe, du Portugal à l’Irlande, mais aussi au Canada et aux États-Unis. En France, les travaux se concentreront sur l’estuaire de la Loire et la baie de Bourgneuf.

Des zones convoitées

Partout, les zones intertidales ont attiré la convoitise de l’Homme. « Elles sont au centre de nombreux enjeux, que ce soit la chasse, la pêche, l’agriculture, le développement des zones portuaires », confirme Édouard Metzger. C’est pourquoi le projet embarque, aux côtés des spécialistes de l’environnement, des universitaires en sciences humaines et sociales, sociologues, historiens… et un juriste, Arnaud de Lajartre, maître de conférences en droit du patrimoine et de l’environnement à l’Université d’Angers. « Notre objectif sera d’analyser comment nous en sommes arrivés à la situation actuelle en matière de gestion de ces zones côtières », résume le membre du Centre de recherche juridique et politique Jean-Bodin.

Arnaud de Lajartre est assisté dans sa mission par Solena Puig, une jeune juriste embauchée sur quelques mois pour le projet. Ensemble, ils vont tenter d’effectuer un diagnostic des textes internationaux et européens, règlements nationaux et locaux qui s’appliquent aux dix démonstrateurs retenus. « D’un État à un autre, nous n’avons évidemment pas tous les mêmes réglementations. Or, les zones intertidales sont des terrains qui appartiennent à quelqu’un, que ce soient l’État, une collectivité, des particuliers, etc. Pour envisager un ré-ensauvagement, il faudra bien intégrer ce paramètre foncier ».

Un projet sur 5 ans

Au-delà du constat, le projet doit déboucher sur un outil d’aide à la décision publique. En comprenant le fonctionnement biogéochimique, écologique et social de ces zones, les partenaires de Rewrite vont définir ensemble différents scénarios (ne rien faire, restaurer, rendre à la nature) « qui permettront aux gestionnaires de ces sites de choisir une trajectoire pour ces lieux, de manière à créer soit un système qui permettra de capter le maximum de CO2, soit d’augmenter la biodiversité, ou bien encore qui offrira la meilleure protection des côtes », explique Édouard Metzger, qui collabore avec une demi-douzaine de membres du LPG sur ce dossier. « Et pour tous ces scénarios, on aura défini quels leviers juridiques peuvent être mobilisés pour y parvenir et quels freins peuvent exister », complète Arnaud de Lajartre.

Rewrite rendra ses conclusions fin 2028. Le programme est financé à hauteur de 9 M€ par la Commission européenne, dont 140 000 € pour les travaux des chercheurs angevins.

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